La philosophie occidentale, dans sa majeure partie, nie d’une manière dénuée de fondements, le développement d’une philosophie arabe et réduit celle-ci à une simple philosophie de transmission ( de l’héritage grec) à travers la tradition des commentaires. Dans son livre intitulé « Averroès et l’averouisme », Ernest Renan note clairement mais stupidement « Nous n’avons rien ou presque rien à apprendre ni d’Averroès, ni des Arabes, ni du Moyen âge». Une affirmation à laquelle, à mon sens, s’applique minutieusement la constatation de Bertrand Russell, philosophe et moraliste britannique, «Le problème avec ce monde c’est que les gens les plus intelligents sont pleins de doute, tandis que les plus stupides sont plein de certitude ».
La minoration de la pensée arabe est loin d’être la préoccupation intellectuelle ou politique de quelques uns, c’est tout un mouvement occidental et pro-occidental politico-idéologique qui cherche à éclipser l’apport moyenâgeux et l’existence même d’une pensée arabe ou musulmane. Or, le commentaire n’est pas une simple relecture d’Aristote ou Platon, c’est une véritable réflexion pour, d’abord faire comprendre la substance du philosophe grec, et ensuite, pouvoir ajouter un supplément d’analyse interprétative et critique.
Islam et philosophie sont indissociables, la philosophie a été introduite en islam sous le nom de la ”sagesse”, al-hikma, dont l’importance de son acquisition est l’objet de plusieurs versets coraniques et textes religieux qui incitent rigoureusement à une promotion de la connaissance démonstrative validée par la philosophie grecque. Il y a donc une osmose de la révélation et de la philosophie. La relecture d’Averroès, d’Avicenne, Al-Ghazali, Al-kîndî, Sohrawardî, Shîrazî, Al-Farabî…, permet de bonnes conclusions; un patrimoine de l’humanité qui manque d’une manière inquiétante à notre présent. Mais, on l’écrit avec beaucoup de chagrin, c’est le silence condamnable de nos consciences qui est responsable de ces agressions culturelles et intellectuelles émanant de l’extérieur et de l’intérieur. Il faut se réveiller pour éveiller notre héritage oublié. Aucun développement dans la négligence de la sagesse du passé et de ses erreurs (du passé), des erreurs qui nous hantent encore. Réveillons-nous pour nous connaître nous-mêmes!
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